Quelle essence pour votre moto

 

Depuis le premier janvier 2000 les stations-services françaises ne vendent plus de super plombé, lutte contre la pollution et harmonisation européenne oblige (directive 98/78/CE). Une formalité pour la plupart des voitures désormais équipées de pot catalytiques et pour les motos récentes. Pour les plus anciennes, pas de panique : la commercialisation du "super 98 ARS" (anti récession de soupapes), un super 98 additivé de potassium puis de produit de substitution permettra d'aborder sereinement les trois années à venir.

Voici par le menu, la marche à suivre selon le type et l'âge de votre machine.

 

SP 95
recommandé pour
SP 98
si préconisé
**
SP 98 ARS *
préconisé pour
A retenir
Lire le manuel d'entretien. Il indique le carburant préconisé par le constructeur pour votre moto.
Sur les vieilles machines (plus de 30 ans), le recours à un additif est indispensable.
Roulez au 95, moins corrosif, si vous avez le choix.

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Modèles Honda

Après 1974 Après 1974 Avant 1974

Modèles Suzuki

Après 1976 Préférer le 95 Avant 1974

Modèles Yam.

Après 1974 Après 1974 série XS, TX

Modèles Kawa.

Après 1974 Après 1974 Avant 1974

Modèles Harley

Après 1982 Préférer le 95 Avant 1982

Modèles Buell

Préférer le 98 Dès l'origine -

Modèles Ducati

Après 1992 Après 1992 Avant 1992

Modèles Laverda

Préférer le 98 Après 1997 Avant 1997

Modèles BMW

Après 1985 Après 1985 Avant 1985

* super 98 ARS : le sans plomb 98 additivé de potassium - ** Si SP 98 préconisé par le constructeur
Si votre cas ne figure pas dans cette fiche, regardez votre manuel d'entretien ou contactez directement l'importateur ou le constructeur.

Cliquez sur l'image pour l'agrandir Précisions

   Pour les propriétaires de japonaises d'avant 1975, Harley d'avant 1982 et européennes d'avant 1982 ou 1995 (tableau ci-dessus) l'utilisation du sans plomb pur est à proscrire. Le risque majeur est la détérioration rapide des sièges de soupapes. Il faut donc pour l'heure utiliser le "super 98 ARS". En 2003 ce breuvage palliatif disparaîtra à son tour. Un additif du genre Légende de chez Elf ou ADD 400 de Restom devra donc être ajouté au super sans plomb. Le surcoût moyen est évalué à 0,30 F au litre. À terme, il faudra aussi envisager le remplacement des durit, joints de cuve de carburateur, etc., par des gommes modernes. Le sans plomb, et tout particulièrement le 98 aux composants oxygénés, est en effet destructeur pour les vieux caoutchoucs.

   Les possesseurs de motos moins "ataviques" peuvent sans souci opter pour le sans plomb. Le choix du 98 d'octane ne s'impose que pour les machines dotées de moteur à très fort taux de compression. En effet dans ces moteurs, le 95 s'enflamme de lui-même. Un effet d'auto-allumage reconnaissable aux cliquetis métalliques émis par le moteur. Attention, celui-ci devient inaudible à haut régime et encore plus destructeur pour les pistons. Mais le 98 présente néanmoins un inconvénient : il ne supporte pas le stockage. Avec le temps, les composants se dissocient les uns des autres. Une machine remisée durant un mois est alors impossible à démarrer. Seuls les modèles à injection ne connaissent pas ce souci : leur pompe à essence brasse le précieux combustible avant chaque mise en route. De plus, les moteurs conçus pour fonctionner au 98 tiennent compte de sa richesse en oxygène. Néanmoins, sur certaines motos réglées très pauvre en essence pour franchir les normes de pollution (twins ou monos de forte cylindrée), le 98 génère des températures de fonctionnement trop élevées. Avec, à la clef, au mieux un claquage de bougie, au pire une casse moteur ! L'effet est identique sur les machines équipées d'une ligne d'échappement ou d'un filtre à air "libéré". Dans les deux cas, le diamètre des gicleurs d'essence devra être plus gros. En clair, mieux vaut donc rouler au 95. D'ailleurs à partir de 2003 c'est ce dernier qui sera privilégié dans les stations-services.

Les deux-temps
   Les adeptes des vieux cylindres à trous, une fois passés au sans-plomb et aux additifs (selon préconisation constructeur), devront utiliser des huiles de graissage haut de gamme répondant aux normes japonaises Jaso FC ou FA sous peine de serrage. Le choix de l'indice d'octane dépend des préconisations du constructeur.

La suppression du plomb dans la formule des carburants ne date pas d'hier.

    En Allemagne, le plombé a disparu en 1997 alors que les motards japonais, thaïlandais et américains en sont privés depuis vingt ans. Mais pourquoi la France a-t-elle traîné les pieds aussi longtemps ? Tout d'abord pour ménager les intérêts des pétroliers et des constructeurs. Puis pour laisser au parc des vieux véhicules le temps de disparaître. Selon le secrétariat d'Etat à l'Industrie, le marché de l'essence plombée décroît en moyenne de 10 % par an depuis 1993. Aujourd'hui, il représenterait 4,5 millions de tonnes annuelles, soit 31 % des demandes en carburant. Au 1er janvier, la vente de son substitut devait à peine dépasser les 10 %, pour alimenter le million de véhicules conçus pour rouler au plombé. En 2003, ils ne seront plus que 200 000. Il faut généralement treize ans pour épuiser un millésime de véhicules. Mais aucune estimation n'existe pour le parc motos. Quoiqu'il en soit, pour faire passer la pilule en douceur, un carburant de substitution sera commercialisé jusqu'en 2003 : le sans plomb 98 additivé de potassium, baptisé "super 98 ARS" (anti-récession de soupape). En 2004, le propriétaire d'une vieille marmite "fabriquera" son carburant à chaque passage à la pompe.

 

Moto

La genèse ardue d'une essence "propre"
   Si aujourd'hui les professionnels de la moto accordent leur confiance au sans plomb, ils étaient beaucoup plus réticents au début des années 90. Le sans plomb présentait alors des qualités très variables. Chaque pays, voire chaque raffinerie, faisait sa propre tambouille pour remplacer le plomb.

   En 1986, date d'arrivée du sans plomb dans l'Hexagone, nos pétroliers se sont sérieusement "emmêlés les éprouvettes". Carburants très corrosifs et communication uniquement axée sur l'aspect écologique ont suscité une phobie chez les motocistes et les consommateurs. Au regard des dégâts mécaniques provoqués, les industriels acceptent de coopérer avec les constructeurs automobiles.

   Dans le milieu du deux-roues, seul Yamaha a été associé à ces études. Plusieurs reformulations ont été nécessaires avant que motocistes et importateurs recommandent le sans plomb. Aujourd'hui, ce dernier a pris le dessus au point que de nombreux échappements, même non catalysés, ne résistent plus à l'oxyde de plomb.

   Pour l'anecdote, rappelons que le plomb avait été ajouté à l'essence dans les années 30 pour augmenter l'indice d'octane. Les machines du début du siècle, grâce à leur très faible taux de compression, ne craignent donc pas la disparition du plombé ;-)